Les cas de rupture isolée du ligament croisé postérieur sont beaucoup moins fréquents que celle du ligament croisé antérieur. Nous les rencontrons peu à part dans certain milieu sportif.
En revanche, nous sommes parfois confrontés à des patients dont la pathologie résulte d’une ancienne rupture de ce ligament du genou.
1) Les mécanismes lésionnels
- Hyper-extension du genou par traumatisme appuyé :
C’est par exemple le plaquage antérieur au rugby. Le blocage du tibia jambe en extension avec poursuite du mouvement vers l’avant engendre une atteinte du LCP, puis des coques condyliennes et enfin du point d’angle postérieur si l’intensité du tiroir est très élevée.
- Choc direct type AVP (50% des cas):
Il s’agit là souvent d’une rupture isolée avec un choc direct au niveau de la face antérieure du tibia avec le genou en position fléchi. C’est le choc du genou contre le tableau de bord en voiture, ou le motard qui est heurté par le par choc. Alors, le tibia recul brusquement créant ainsi une rupture du ligament. Les coques condyliennes sont ici détendues car le genou est fléchi.
2) Rappel anatomique et rôle du LCP
Insertion:
— Sur la face latérale du condyle médial, en avant de l’échancrure ET en arrière sur le tibia, sur la surface rétrospinale.
Action :
— Assure la stabilité postérieure du genou en limitant le recul du tibia par rapport au fémur.
3) Mise en évidence de la laxité postérieure
Comme pour tout examen clinique, la recherche de la laxité postérieure se fait sur un patient détendu et de manière comparative au côté sain. On test le genou dans le plan sagital pour observer ou non un tiroir postérieur qui est le signe d’une rupture du LCP.
Nous devons aussi contrôler la présence d’un récuvartum qui est systématiquement présent en cas de rupture.
ATTENTION :
En décubitus dorsal, genou fléchi à 90°, il existe un tiroir lié au poids de la jambe donc il faut d’abord rechercher l’effacement de la TTA par recul du tibia avant de rechercher les tiroirs.
4) Evolution d’une rupture du LCP
Il existe que très rarement cicatrisation spontanée du ligament. Dans une atteint isolée, il n’y a pas de traitement chirurgical. Le traitement est fonctionnel car le patient tolère bien l’absence du LCP. Il restera pour le patient une « impression d’instabilité » avec peu de gêne occasionnée sauf dans des actions de freinage articulaire brutal (descente d’escalier)
Dans le temps le tiroir postérieur restera et le patient risque de développer un syndrome rotulien douloureux par augmentation de la pression fémoro-patellaire.
L’augmentation de l’hyperextension provoquera l’usure du point d’angle postérieur (ménisque).
En revanche, si il existe en plus des lésions des plans périphériques, la laxité sera conséquente ( surtout si externe ) et la chirurgie deviendra le traitement de choix.
5) Prise en charge rééducative
Le traitement est fonctionnel d’emblé avec de l’antalgie (voie orale) + physiothérapie (TENS)
1ère Phase: J0 à J30
— - Immobilisation relative avec une attelle rigide amovible en extension pendant 1 mois
— - Marche avec appui précoce
— - Lutter contre l’hydarthrose et l’œdème : K-Taping®, Myosonic®, …
— - Retour progressive aux amplitudes articulaires: flexion et extension: mobilisation passive
— - Eviter la position postérieur du tibia = subluxation postérieure → on met un coussin derrière le mollet partie haute
— - Eviter le travail des ischio-jambiers en CCO
— - Electrostimulation du quadriceps + renforcement isométrique ++++
2ème Phase : J30 à J60
— - Si les amplitudes articulaires sont correctes et que la trophicité musculaire le permet alors on passe au renforcement du quadriceps +++
→ press leg
→ ½ squat
→ travail en CCF (proprioception, plaque bio-oscillante: Body green ®)
→ travail de renforcement excentrique et concentrique du quadriceps sur machine isocinétique ( Con-Trex® )
— - Renforcement du mollet
3ème Phase: J60à J90
— - Intensification de la proprioception du genou
— - Poursuite du renforcement du quadriceps
— - Début du travail en pliométtrie
— - Retour à l’activité sportive progressive en fonction des sensations du patient
— - Reprise du travail d’appuis sur terrain: changement de direction, accélération, …. Jusqu’à la reprise de l’entrainement